La Grameen Bank doit rester indépendante !

La formidable innovation que représente la Grameen Bank – institution qui a reçu le Prix Nobel de la Paix avec son fondateur Muhammad Yunus en 2006 – court le risque de se faire récupérer par l’actuel gouvernement du Bangladesh. Je vous invite à lire la réaction officielle du Pr Yunus qui partage ses craintes pour l’avenir de la banque avec la Commission d’enquête constituée le 15 mai dernier par le ministère de tutelle.

N’hésitez pas à diffuser ce texte Declaration Pr.Yunus, Mes craintes pour l’avenir de la Grameen Bank qui permet par ailleurs de se replonger dans la formidable aventure de ce projet.

Muhammad Yunus avec quelques étudiants de l’université de Chittagong au démarrage du projet Grameen

D’abord chercher à résoudre un problème… L’expérience pionnière du micro-crédit a démarré dans le village de Jobra près de Chittagong au Bangladesh en 1976 avec un premier prêt de 27 dollars octroyé par Muhammad Yunus alors professeur d’économie dans l’université voisine. Progressivement, c’est devenu le Grameen Bank Project au sein de la banque centrale du Bangladesh pour étendre ce programme de micro-crédit à l’ensemble du district de Tangail. En 1983, le projet est devenu une banque : la Grameen Bank.

Cette banque pour les pauvres a montré qu’il était possible de « faire crédit »octroyer sa confiance dans le sens premier – aux personnes démunies de toute garantie formelle pour leur permettre de développer leur micro-entreprise. Pour passer d’un niveau de subsistance à un niveau de développement, toute entreprise a besoin de capital : c’est la base du micro-crédit.

Ce modèle a fait école partout dans le monde. Progressivement des échanges d’expériences et de bonnes pratiques ont été organisés. C’est dans ce cadre que j’avais participé au Grameen Dialogue Programme à Dhaka en 1993 pour des « réplicateurs » de tous les pays, le projet CONTIGO à Santiago du Chili en ce qui me concerne.  Le micro-crédit est aujourd’hui une réalité dans tous les pays au Nord comme au Sud.

Les 27 dollars des débuts se sont multipliés puisque la Grameen Bank octroie aujourd’hui un milliard et demi de dollars à 8,5 millions de clients avec un taux de remboursement qui reste supérieur à 95%. Le capital de la banque est détenu aujourd’hui à 97% aux clients de la banque, majoritairement des femmes, et la participation de l’État est aujourd’hui réduite à 3% .

La mainmise du gouvernement local sur la Grameen Bank s’avérera catastrophique tant ses pratiques sont éloignées de ce qui a fait son succès. « La propriété, la participation des emprunteurs dans le processus décisionnel, la structure de la direction et la méthodologie ont fait de la Grameen Bank une organisation de classe mondiale. Cette formule gagnante ne peut être sacrifiée d’aucune façon. » nous redit Yunus.

Il y a dix-huit nous nous étions mobilisés au Trocadéro à Paris comme dans d’autres villes dans le monde pour soutenir Yunus et l’indépendance de la Grameen Bank. Faut-il rappeler que Yunus ne possède aucune participation dans la Grameen Bank ni aucune action dans aucune autre entreprise du réseau Grameen, créée pour répondre à un problème spécifique lié à la pauvreté.

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A propos Nicolas Cordier

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