Comment un éléphant peut cacher une vache ou comment revenir au bon sens utile et créateur de valeur !

Petite histoire d’éléphants et de vaches pour revenir au bon sens et libérer l’énergie de celles et ceux qui créent de la valeur au quotidien dans l’entreprise…

Il était une fois deux anglais, seuls, dans un compartiment d’un train qui allait de Birmingham à Londres. Ils étaient assis face à face et lisaient chacun dans leur coin le Times, en feignant de s’ignorer, par discrétion typiquement britannique. De temps en temps l’un d’eux arrachait une page du Times puis la déchirait en petits morceaux, entre ouvrait la fenêtre du compartiment et jetait les petits morceaux de papier.

Après que ce manège se fut répété 4 ou 5 fois, son voisin, levant les yeux au-dessus de son journal, après un petit toussotement annonçant qu’il allait s’exprimer, lui dit :

I’m sorry but, sans vouloir être indiscret, j’ai cru, bien malgré moi remarquer que, régulièrement, vous déchiriez une page de votre journal et jetiez les morceaux par la fenêtre. Puis-je me permettre de savoir le pourquoi de ce geste ?

Oh, c’est très simple. J’ai fait toute ma carrière aux Indes et dans ce pays on pratique de la sorte car les bouts de papier effrayent les éléphants, ce qui leur évite de venir sur les voies.

Mais nous sommes au Royaume-Uni, entre Birmingham et Londres et il n’y a pas d’éléphant !

Vous voyez bien, ça marche !

Au-delà de nous faire sourire, cette histoire est riche d’enseignements et décrit finalement assez bien une situation qui se répète plus souvent qu’on ne le croit dans nos organisations… En y regardant d’un peu plus près, nous constaterons que nombre de chasseurs d’éléphants subsistent dans nos organisations, ils ont même été recruté pour cela !

La méthode qu’emploie Jean-François Zobrist (> voir précédent article), l’ancien et charismatique patron de FAVI, pour les déceler est simple : c’est le jeu des 5 pourquoi. Se poser la question de la finalité réelle et de l’intérêt concret de nos actions pour la création de valeur n’est pas si anodin. Progressivement, souvent sans s’en rendre compte, nos organisations ont suscité une administration interne avec des missions aux titres parfois rassurants… mais dès le 4e ou le 5e pourquoi, certains interlocuteurs doivent évacuer un sentiment de vide voire de panique, car ils prennent conscience que ce sont en fait… des chasseurs d’éléphants.

Dans les entreprises ayant trop de bon sens pour avoir des chasseurs d’éléphant, il y a… des compteurs de vaches !

En effet, dans nos contrées, les éléphants ne se trouvant que dans les cirques, c’est plus souvent une vache qui se place sur la voie et arrête le train de l’entreprise… Et c’est là que les compteurs de vaches interviennent avec grand professionnalisme. Ils sont capables de détailler sur douze mois glissants que la race des vaches ayant arrêté le train de l’entreprise était Limousine à 24%, Parthenaise à 28%, Normande à 32% (en progression de 7 pts par rapport à N-1) et Charolaise à 16%. Pour chaque race, la répartition par âge moyen de l’animal, taille au garrot ou couleur de la robe permet d’affiner l’analyse.

Reprenant l’expérience d’une entreprise libérée comme FAVI, quand son « petit patron naïf et paresseux» – continue son questionnement et demande au compteur de vaches : « C’est bien, c’est intéressant, mais que faites vous pour empêcher la vache de venir sur la voie ?

Alors ils vous fixent avec un regard absent en focalisant très très loin derrière vous, tellement la question est incongrue. Eux ils font des statistiques sur les vaches qui arrêtent le train, ce n’est pas leur problème de savoir pourquoi les vaches sont là et comment éviter qu’elles ne viennent. »

Il n’est pas question de dire que les indicateurs d’activité ne sont pas utiles. Mais comme me le signalait récemment un chef de rayon expert d’une grande surface : « on a tellement d’indicateurs à regarder qu’on n’en voit plus la route !».

Particulièrement en ces temps de crise, il semble essentiel de ramener les chasseurs d’éléphants et les compteurs de vaches sur la voie du bon sens et en faire de véritables animateurs pour aider « ceux qui font et qui savent »  sur le terrain à faire en sorte que rien n’arrête le train de l’entreprise.

Publicité

A propos Nicolas Cordier

Social business intrapreneur, corporate changemaker, dreamer and doer, blogger on liberated compagnies, open innovation & how to be an actor in a changing world
Cet article, publié dans Innovation, leadership & management, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

8 commentaires pour Comment un éléphant peut cacher une vache ou comment revenir au bon sens utile et créateur de valeur !

  1. Vincent Fauvet dit :

    SUPER TON ARTICLE QUEL TALENT (toutefois, étant du limousin, j’aimerais que tu traîtes avec plus de respect nos ambassadrices régionales!!!)

  2. zabrist dit :

    merci de ton beau clin d’oeil, je vois que tu révise tes classiques de temps en temps
    amitiés
    Jean François

  3. SARTORIUS dit :

    Drôle et tellement vrai… Pas de place pour les chasseurs d’éléphants et les compteurs de vaches dans nos TPE !

  4. Nicolas GAUGUEZ dit :

    Merci Nicolas, ça permet de prendre un peu de hauteur… c’est un combat du quotidien et un enjeu de management essentiel

  5. Ping : En finir avec la « double vie » des salariés : adultes responsables dans leur vie privée et infantilisés au travail. Comment libérer les énergies ? | Nicolas Cordier

  6. Ping : Vers des communautés de travail inspirées : réinventons nos organisations ! avec Frédéric Laloux et Jean-Louis Lamboray | Nicolas Cordier

  7. Ping : Vers des communautés de travail inspirées : réinventons nos organisations ! – Blog du Docteur Jean Scheffer

Répondre à Nicolas GAUGUEZ Annuler la réponse.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s