Le Social Business, une nouvelle manière de créer de la valeur partagée !

Le Social Business est un puissant vecteur de renouveau pour l’entreprise, estiment Nicolas Cordier, chargé de mission Social Business chez Leroy Merlin et Jean Bernou, PDG de de McCain Europe Continentale, porteurs du projet SoBizHub | Social Business Nord de France. Tribune co-signée dans L’Express le 20 octobre 2014.

Social BusinessLes mots Social et Business sont comme deux aimants de même polarité qui se repoussent plus qu’ils ne s’attirent ! La frontière entre des actions sociales cantonnées au domaine privé et des finalités économiques exclusivement centrées sur la maximisation des bénéfices est en train de s’estomper. De nombreux exemples de résolution de problématiques sociales, de manière durable parce que rentable au cœur de la logique compétitive des entreprises semblent ouvrir une nouvelle voie de réconciliation de l’économique et du social. Des solutions inédites entre acteurs qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, entreprises, associations, pouvoirs publics voient le jour.

Les entreprises seraient-elles ainsi devenues philanthropes ? Qu’ont-elles à gagner dans cet engagement auprès des plus démunis ? Tentative de rachat d’une bonne conscience ou manipulation de l’opinion sous forme de social washing après la tendance à « verdir » des décisions en faveur de l’environnement ?

Ces questions inhérentes à l’association peu familière du social et du business soulignent la difficulté à sortir de cette double injonction qui place les entreprises soit dans une perception d’autisme face à son environnement proche soit dans une manipulation de l’opinion à des fins purement mercantiles.

Les expérimentations que nous avons pu mener nous montrent à la fois que c’est un chemin nouveau et peu fréquenté et dans le même temps qu’il est créateur de valeur partagée pour l’entreprise. C’est un puissant levier de ré-invention de nos modèles d’affaires. Dans un monde qui bouge de plus en plus vite, c’est une manière d’aller en terres inconnues et de transformer notre regard sur notre manière d’exercer nos métiers.

Depuis plus de deux ans, des vendeurs Leroy Merlin animent des cours de bricolage et maintenance locative pour des personnes en attente de logement social hébergées par Emmaüs Solidarité : 180 personnes ont été formées. Depuis début 2014, l’enseigne réoriente tous ses invendus de l’entrepôt vers l’Agence du don nature qui les a redistribués à plus de 150 associations facilitant ainsi l’équipement solidaire de 32.000 foyers. Plusieurs magasins participent à des programmes d’Auto Réhabilitation Accompagnée avec l’association Les Compagnons Bâtisseurs pour redonner l’envie et les moyens de s’approprier leur logement à des habitants, en leur donnant les moyens de faire par eux-mêmes : cours de bricolage, prêt d’outils, accès aux matériaux…

Fin 2012, McCain a lancé un joint-venture avec Yunus Social Business en Colombie. « Campo Vivo » permet à de petits agriculteurs démunis de se former aux bonnes pratiques agricoles durables et sécuriser leur travail par une rémunération stable et des contrats pluriannuels. En France, c’est l’entreprise « BON et Bien » qui vient d’être lancée pour favoriser l’insertion et lutter contre le gaspillage alimentaire. Des chômeurs longue durée accompagnés par Randstad collecteront les écarts de triage de légumes auprès des agriculteurs travaillant avec McCain dans le Nord Pas-de-Calais qui seront utilisés dans la préparation de soupes commercialisées ensuite dans les centres E. Leclerc de la région. Pour produire 300 litres de soupe chaque jour, des dizaines de tonnes de pommes de terre, endives, oignons, carottes et autres légumes seront revalorisées au lieu d’être gaspillées. L’équilibre financier permettra l’atteinte des finalités sociales et environnementales.

Ces différentes expérimentations impliquent le cœur de métier de l’entreprise, avec des acteurs de terrain, dans un modèle économique équilibré pour des actions à fort impact social. Entreprendre autrement est une nécessité. Le Social Business est un puissant vecteur de renouveau de la mission de l’entreprise !

Du business et du sensCette tribune a été publiée le 20 octobre dans l’excellente rubrique « Business & Sens » de L’Express animée par Isabelle Hennebelle. Dans la même veine, Philippe Vasseur, ancien Ministre de l’Agriculture et actuel président de la CCI Nord de France y proposait quelques jours auparavant sa vision sur les défis actuels de notre époque, en soulignant l’urgence de « changer de logiciel » pour répondre à la Philippe Vasseurnécessaire adaptation d’un monde en profonde mutation qui ne sait plus toujours vers où il va : « Nos façons de produire, de consommer, de vivre seront très profondément modifiées. Le monde est entré dans une période de rupture qui va aboutir à une transformation radicale des systèmes économiques et des organisations sociales. Il en résulte dès à présent de grands défis qui s’imposent à tous, en particulier aux entrepreneurs. »

Les neufs principaux défis ainsi que les façons de lesLogo World Forum Lille relever seront au centre des interventions de la huitième édition du World Forum Lille du 21 au 24 octobre :

  1. Le défi des ressources, des matières premières fossiles qui ne sont pas inépuisables mais aussi de la terre et de l’eau indispensables à la vie,
  2. Le défi des technologies, des possibilités qu’elles ouvrent, des limites qu’elles repoussent sans cesse, des espoirs et des craintes qu’elle engendre,
  3. Le défi des emplois, de leur nombre à venir, de leur évolution qualitative, de l’organisation future du travail,
  4. Le défi des inégalités dont l’accroissement représente un risque majeur, dès à présent et à très court terme,
  5. Le défi de l’éducation pour permettre enfin à tous, partout et à tout moment de la vie d’avoir équitablement accès aux savoirs,
  6. Le défi de la démographie, avec un quadruplement de la population africaine d’ici la fin du siècle et, en face, un vieillissement de la population des pays développés lourd de conséquences,
  7. Le défi de la finance, que nous souhaitons plus « productive » que spéculative, plus au service de l’économie, bref : plus responsable,
  8. Le défi de l’information, chamboulée par le déferlement d’internet et des réseaux sociaux,
  9. Le défi des territoires qui, dans le contexte de la globalisation, s’affirment comme des espaces cohérents pour expérimenter et promouvoir de nouveaux modèles.

Il conclut cette tribune intitulée « Le salut ne viendra pas du ciel, mais d’en bas » par le constat suivant : « Les défis auxquels nous sommes confrontés sont mondiaux. Mais les réponses ne sont pas nécessairement globales. Aucune organisation n’est en effet en mesure d’imposer et de faire respecter des règles universelles. L’uniformité serait d’ailleurs contraire à l’extrême pluralité des situations qui implique une grande diversité des approches.  

Le salut ne viendra pas du ciel, c’est-à-dire d’en-haut mais d’en bas : de la conjonction des initiatives, qui, sur le terrain, donnent dès à présent une application concrète aux nouveaux modèles de société en train d’éclore. 

C’est évidemment difficile à admettre pour les responsables économiques et politiques qui refusent de changer de logiciel ! Mais c’est une réalité exaltante pour qui veut participer à la révolution positive de ce XXIème siècle. »

ETony Melotot toujours en lien avec cette édition 2014 du World Forum Lille, Isabelle Hennebelle a souligné l’importance de l’entrepreneuriat pour la résolution des problématiques actuelles dans son édito « Vers un monde sans laissés-pour-compte » basé sur l’expérience de Gawad Kalinga et de Tony Meloto aux Philippines dont nous nous sommes fait l’écho dans l’article Tony Meloto, bâtisseur de rêves et innovateur social qui vise l’éradication de l’extrême pauvreté aux Philippines d’ici 2024

Dans un monde de plus en plus globalisé, la recherche de solutions nouvelles pour adresser de manière concrète, agile et frugale les problématiques sociales et environnementales concerne tous les acteurs. Le Social Business ouvre un chemin de crête passionnant à la recherche de nouveaux modèles à la frontière de l’économique et du social, pour une économie plus inclusive.

A propos Nicolas Cordier

Social business intrapreneur, corporate changemaker, dreamer and doer, blogger on liberated compagnies, open innovation & how to be an actor in a changing world
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